01.03.16
Coté mères n°4
Ce sont des questionnements que nous entendons souvent dans nos ateliers d’échange ou nos dîners. Cela va bien au –delà des apprentissages scolaires et concerne plutôt une attitude de vie, que l’on a tendance (parfois un peu trop vite) à lier à l’intrusion généralisée des écrans dans nos vies. Nous avons voulu dans ce journal, apporter une fois encore des « trucs et astuces » de mères pour donner envie d’aller au musée, de poser des questions, d’aller vers ce qui est différent ….et également pour découvrir que l’on peut apprendre avec plaisir. Différents experts apportent aussi un éclairage sur la compréhension des mécanismes d’apprentissage et les approches qui peuvent être proposées.
Les savoir- faire pratiques seront complétés sur notre site par ceux qui émergeront des échanges de notre dîner du 15 février et l’on aurait envie de dire : pour éveiller la curiosité de nos enfants, montrons-nous nous-mêmes inventifs dans l’éducation, avides d’apprendre des autres, réceptifs aux exigences du métier de parent. Gardons à l’esprit que si nous voulons donner envie d’apprendre à nos enfants, à nous de leur prouver notre envie d’apprendre d’eux. Comme le souligne Nicole Prieur, thérapeute familiale, psychanalyste : « Nos enfants nous aident surtout à réapprendre le sens de la vie. Ils nous poussent à nous interroger sur la place que nous voulons leur donner et ce questionnement nous aide à grandir ».
La plupart des parents savent qu’il est important de donner du sens aux apprentissages, de valoriser les réussites pour renforcer l’estime de soi de leur enfant tout en l’assurant d’un amour inconditionnel et donc non lié à ses résultats scolaires… Parfois, ils connaissent également la différence entre une motivation extrinsèque (il travaille pour vous) et intrinsèque (il travaille en vue d’un projet important pour lui).
Mais savez-vous également que les neurosciences ont décrit la relation essentielle entre le raisonnement, les sentiments, les émotions et la biologie ?
Antonio Damasio a établi de manière scientifique le lien entre le fameux cortex préfrontal (vous savez : le fameux guide du cerveau, celui qui planifie, raisonne, hiérarchise et prend des décisions) et les aires somato-sensorielles, qui cartographient en permanence les états du corps passés et présents… Cette théorie démontre comment le cerveau fait un lien permanent entre des catégories d’événements parmi lesquels l’apprentissage et…. les ressentis plaisants et déplaisants !
Et pour aller encore plus loin, l’épigénétique montre que si l’homme conserve dans ses gènes la trace ancienne des peurs, l’environnement actuel joue également un rôle sur la modulation de ces mêmes gènes…. Ainsi nous dirons pour vous faire sourire avec gravité, que lorsque l’adulte manque de bienveillance, l’enfant peut être amené à réagir comme s’il était face à un grand mammouth. Le stress va inhiber le fameux préfrontal … et c’est l’engrenage avec les réactions « normales » de fuite ou d’agressivité et la cohorte de signes physiques liés. Les filles ont tendance à se réfugier intérieurement et les garçons ont tendance à combattre (si, si, c’est la testostérone qui fait la différence !). Aussi, face à l’enfant agressif ou démotivé, il est toujours bon de se demander « mais qu’est-ce qui l’amène à réagir ainsi ? » sous hypothèse qu’il a peut-être une réaction adaptée ou du moins qu’il est possible d’identifier les facteurs à l’origine du stress et d’agir… Matière à réflexion face au fameux trouble d’attention (qui existe cependant !! ne me faites pas dire le contraire mais ce n’est pas si fréquent). Portes d’espoir, les approches bienveillantes (compassion, cohérence et fermeté) permettant à un enfant de réguler ses peurs et ses frustrations (par le dialogue, la prise de conscience, l’implication) vont l’amener à développer une juste réponse face aux défis de l’école !
En conclusion, nous comprenons ainsi tout l’intérêt des démarches basées sur la pédagogie positive, la gestion mentale, la pédagogie différenciée et toutes les activités de relaxation du corps qui favorisent in fine les apprentissages. A chaque enfant, son approche…toujours dans la BIENVEILLANCE !
Comment avez vous découvert les travaux d’Antoine de la Garanderie connus sous le nom de « Gestion Mentale »?
J’ai découvert la Gestion Mentale lors d’une conférence d’Antoine de la Garanderie, en 1995 alors que mon fils en CE1 connaissait des difficultés d’apprentissage. Ce fut pour moi, une révélation !
Pourriez- vous nous parler de cette pédagogie ?
La Gestion Mentale est une pédagogie qui par le dialogue nous conduit à prendre conscience de nos habitudes mentales en situation d’apprentissage. Nous pourrions résumer ainsi : j’apprends, oui ! mais comment ? Comme un geste sportif, nous réalisons des gestes mentaux pour apprendre.
Au départ d’un accompagnement, nous explorons un domaine de réussite personnelle afin de découvrir les mécanismes de fonctionnement de cette réussite. Nous
appliquons ensuite ces mécanismes aux domaines qui présentent des difficultés. Par exemple, si un enfant est bon en histoire, nous allons lui faire prendre conscience de ses points forts et de ses mécanismes mentaux utilisés. Ensuite, nous l’accompagnons pour qu’il puisse les répercuter dans les mathématiques où il rencontre des difficultés. Les bénéfices vont bien au-delà de l’amélioration des apprentissages car en axant ainsi sur la réussite, l’enfant ou la personne gagne bien sûr en confiance en soi. C’est l’originalité de cette pédagogie !
Qui est concerné par la Gestion Mentale ?
Elle s’applique à tous, adultes et enfants. C’est une pédagogie développée dans le monde de l’enseignement, pour les professeurs, les éducateurs mais elle concerne les parents qui se préoccupent de la réussite de leurs enfants. Elle devient alors un outil de compréhension des différences d’apprentissage. Nous apprenons aux parents à ne pas douter de leur enfant en comprenant que chacun apprend différemment : « votre enfant est intelligent… » Nous leur faisons réaliser qu’ils apprennent eux-mêmes à travers leur enfant, qu’ils ont aussi leur fonctionnement d’apprentissage propre, et que finalement on apprend à tout âge ! Et toute réussite scolaire passe par le regard positif de l’adulte !
Que proposez-vous aux parents au sein de votre association ?
Nous proposons 2 jours de découverte des concepts fondamentaux de notre pédagogie, mais aussi des formations approfondies en six jours pour les parents et/ou les professionnels de l’éducation, des journées sur la motivation et des stages pour appendre à réaliser des cartes mentales pour mieux apprendre ses leçons.
Nous animons aussi des ateliers pour les parents, sur demande, en journée ou en soirée. Ces ateliers durent deux heures, les participants découvrent des outils simples et efficaces pour « décrypter » le mode de compréhension des enfants. Nous amenons les parents à réagir sur des cas pratiques. A l’aide d’exercices concrets, nous prenons conscience des stratégies mises en place par notre cerveau !
Pour résumer, que diriez-vous ?
Notre objectif est de rendre l’enfant autonome et qu’il garde ou restaure sa confiance en lui. Nous accompagnons les parents pour que les devoirs deviennent un partage parents/enfant avec un autre regard sur les apprentissages.
– Partir de ce que vivent mes enfants :
« Quand ma fille a étudié la Controverse de Valladolid j’ai acheté une BD sur Bartolomé de Las Casa ; quand une autre a appris la tirade du nez, j’ai loué le film sur Cyrano de Bergerac que l’on a regardé ensemble et on va aller visiter la maison d’Edmond Rostand ».
– Impliquer mes enfants dans ce qu’ils vont découvrir
« Avant un séjour dans une nouvelle région ou un nouveau pays, je demande à chaque enfant de préparer un thème : comme la géographie, les traditions locales, la nourriture, les choses à visiter…Il le raconte ensuite au reste de la famille avant le départ. Résultats : un bien plus grand intérêt pour tout ce qu’ils découvrent lors du séjour. »
« Leur proposer un appareil photo, jetable ou pas pour leur permettre de fixer leurs souvenirs ; on est souvent surpris du coup d’œil de certains enfants »
– Utiliser le mode ludique.
« Je fonctionne beaucoup par quizz ; par exemple en éducation civique et religieuse je fais cela sous forme de mini « questions pour un champion » ; les petits adorent et me le réclament et c’est comme ça que Louise qui n’a pas 4ans sait ce que signifie la statue de Marianne ».
« Faire des petits concours de dessin pour exprimer ce qu’ils ont vu dans un film ou entendu dans une histoire ; leur imagination est dingue »
– Alterner culture et détente
« Profiter des escapades en conduites accompagnées, pour la préparation du permis, pour aller visiter les maisons d’écrivains et d’artistes ».
« Terminer la visite d’un musée ou d’un monument par un tour en vélo, une glace, une pizzéria…
– Profiter des parcours et des offres à destination des enfants, dans les musées
Les 2/3 des musées nationaux proposent des visites sous forme de narrations, de mimes, de dessins, de livres jeux, d’ateliers, de chasses au trésor, de conférences adaptées aux enfants, de visites nocturnes spéciales famille… : « Mes enfants ne voulaient plus partir du musée… »
Que faire pour l’orthographe de mes ados ?
Beaucoup d’adolescents et de jeunes adultes ont une orthographe qui laisse à désirer et bien souvent parents et professeurs baissent les bras et renoncent à défendre les subtilités de la langue française, pensant que « c’est comme ça aujourd’hui ».
Il existe pourtant un outil simple et peu coûteux qui peut aider vos grands jeunes à progresser : le projet Voltaire. Il est particulièrement indiqué aux lycéens et étudiants mais les parents peuvent eux aussi l’utiliser. Il s’agit d’une application pour smartphone et tablette, conçue par des chercheurs. Ils ont identifié les fautes d’orthographe les plus fréquentes dans la vie professionnelle et sociale et ont mis au point des phrases d’entraînement pour venir à bout de chaque difficulté. L’application est assez ludique et son format encourage à progresser. Elle rappelle inlassablement les règles de grammaire et d’orthographe qui s’appliquent. Vous pouvez la tester gratuitement en téléchargeant les trois premiers niveaux qui sont gratuits. Les progrès sont rapides et spectaculaires.
Il est même possible, une fois les progrès réalisé, de passer une « certification Voltaire » qui est reconnue par les employeurs comme sont reconnus les tests de langues étrangères (TOIC, TOFEL,…).
Testé et approuvé par la présidente du MMM France sur ses enfants !
Cette application est d’autant plus utile que la dernière enquête de l’INSEE sur le quotidien des Français révèle que « contrairement à une idée assez répandue, les jeunes écrivent davantage que les générations plus âgées ».
« 10 ASTUCES DE PARENTS POUR DONNER ENVIE DE LIRE A SES ENFANTS »
Tel est le titre d’un livre édité en 2005 par Fleurus qui à l’époque a sorti une collection en partenariat avec MMMFrance, qui donnait la parole aux parents .Ceux-ci livraient de façon très concrète leurs astuces en matière l’éducation de leurs enfants au cours de groupes de parole animés par le Mouvement Mondial des Mères France.
1- Favoriser toutes les lectures :
De la BD, à la notice de la Game Boy, du panneau de signalisation routière à la recette du gâteau, en passant par le petit roman où le héros ou l’héroïne partage la même passion que votre enfant.
2- Tenir compte de l’âge des enfants
Penser que plus ils sont petits plus ils ont besoin de livres qui reflètent leur vie quotidienne avec un graphisme et une image qui leur permettent de suivre l’histoire.
Ne pas s’étonner si les livres qui ont bercé notre enfance ne les enthousiasment pas. (Graphisme, expressions, mises en page souvent désuètes).
3- Lire devant ses enfants
Ne pas hésiter à répondre à son enfant « Excuse-moi mais je suis en train de lire un roman ; ne me dérange pas, c’est super… »
4- Arbitrer entre les livres et l’ordinateur
Etablir des règles modulables selon l’âge des enfants et les faire respecter.
Aménager des lieux de lecture confortables et douillets.
Prévoir une valise de livres sur les lieux de vacances sans écran.
5- Inventer et raconter des histoires
Cela sollicite l’imaginaire des enfants et nourrit leur affection ; le rôle des grands parents est souvent important.
6- Continuer à lire des histoires
Lire à deux voix, en alternance avec son enfant quand il sait lire mais qu’il n’a pas le gout de la lecture.
7- Organiser une sortie livres
Aller se poser dans la bibliothèque municipale ou dans une librairie dotée d’un espace lecture et goûter ensuite dans une pâtisserie : une bonne manière d’occuper les temps libres pluvieux.
8- Proposer des livres faciles
Et parfois marchander avec ses enfants la lecture d’un livre (1 euro pour un oui- oui) peut les transformer petit à petit en bons lecteurs à condition de respecter leurs choix de lecture, même faciles. Ils auront bien le temps de progresser.
9- Choisir un livre familial
Soit celui qui a bercé notre enfance avec des images éloquentes, soit celui qui correspond à la destination d’un voyage familial (ex :la case de l’oncle Tom pour la visite de l’île de Goré au Sénégal),soit celui qui témoigne de de l’histoire d’un membre de la famille (ex : la seconde guerre mondiale))
10- Offrir des livres en cadeaux
Outre l’abonnement à un magazine, à Noël, proposer à Pâques une chasse aux livres plutôt qu’une chasse aux œufs…
« Apprendre autrement avec la pédagogie positive : (re)donnez à vos enfants le goût d’apprendre. » Audrey Akoun et Isabelle Pailleay. Eyrolles Editions.
« Donner l’envie d’apprendre, comment aider vos enfants à réussir à l’école. » Alain Sotto et Varinia Oberto. Ixelles Editions.
« Les chemins de l’école »de Marie-Claire Javoy (coscénariste pour le film sur le chemin de l’école) aux éditions Hoëbeke. L’histoire de 8 chemins d’écoliers à travers le monde. Ces récits dynamiques, agrémentés de photos donnent envie de lire, d’étudier, de vivre tout simplement.
« Lire c’est élire » : guide de lecture pour les 7 à 17ans réalisé par les AFC de Versailles ; propose 1400 livres classés par âges et par thèmes. Peut être obtenu contre 7,5 euros de frais de port à : secretariat@afcdeversailles.org
« Ca m’a bien aidé pour faire le tri dans les livres de la bibliothèque municipale où mes enfants ne savaient pas toujours quoi choisir » la présidente du MMMFrance
« Lire, quel plaisir » : www.apel.fr
« Comment parler d’art aux enfants »pour les 6 à 9ans.Editions le Baron Perché ; Ecrit par Françoise Barbe-Gall, créatrice de l’association culturelle coreta (comment regarder un tableau) qui propose différentes activités. Voir : www.coreta.org
« Grandir avec ses enfants » de Nicole Prieur. L’atelier des parents
Enquête INSEE 2000 : 83% des adultes qui pratiquent au moins une activité culturelle en pratiquaient au moins une entre 8 et 12ans
Lettre d’information d’octobre de la MGEFI : www.mgefi.fr newsletter: bienfait de l’apprentissage de la musique sur les apprentissages scolaires. « Des études scientifiques menées sur les enfants aux USA et au Canada montrent que les jeunes enfants (entre 4 et 5 ans) qui pratiquent la musique voient les capacités de leur cerveau et le développement de leur système nerveux considérablement renforcés. Jouer d’un instrument tôt améliorerait la confiance en soi, la concentration et permettrait un développement plus rapide du quotient intellectuel. »
« Sur le chemin de l’école » : Magnifique documentaire réalisé en 2013 par Pascal Pélisson. On y suit , aux 4 coins du globe, l’incroyable périple quotidien de 5 enfants, pour aller à l’école. C’est l’occasion de montrer à nos enfants la chance qu’ils ont de ne pas faire tous les matins près de 2h de route à pied avec parfois le ventre creux et la crainte des bêtes sauvages…La soif d’apprendre n’a pas de limites.
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