04.12.14
Coté Mères n°2
Notre dîner d’automne à Argenteuil en décembre dernier a réuni environ 80 personnes autour du thème « dans la morosité ambiante comment préserver la famille » et malheureusement les événements tragiques de ce début d’année n’ont fait que renforcer un sentiment d’inquiétude face à l’évolution de la société.
De nos échanges est ressortie la confirmation que garder le moral en famille n’est pas forcément lié à l’absence de problèmes de tous ordres, mais bien à l’ambiance positive générée par une multitude de petites choses quotidiennes (cf notre liste). Cela va des attentions que l’on a les uns pour les autres, à la dédramatisation des faits, en passant par un suivi bienveillant des études des enfants et une éducation « guidante » « et cadrante. »
On entend souvent aujourd’hui qu’avec l’éclatement familial, que ce soit géographique ou constitutionnel, la transmission et la solidarité sont difficiles à mettre en œuvre. Parallèlement, jamais autant de possibilités n’ont existé pour garder le lien même à distance. A chacun de faire son choix tout en gardant à l’esprit les dérives et dangers des têtes à têtes prolongés avec l’écran.
Soyons vigilants à l’isolement social de nos jeunes, à leur désespérance par manque de communication familiale, de repères ou de confiance à l’avenir. Ne coupons pas le lien, car comme disait une participante : « quand je lis l’histoire de tous ces jeunes, je me dis ATTENTION, le djihad ce n’est pas que chez les autres ! »
Des adhérentes de MMM France témoignent des méthodes, solutions, propositions qu’elles ont découvertes pour les aider dans leur rôle éducatif, sans oublier nos ateliers d’échanges très concrets tels que le parcours ‘être mère parlons-en’ ou les ateliers thématiques aux doux noms tels que «Comment rester Zen face à la crise d’ados ! »
En conclusion reprenons la citation d’une maman : « Puisque je ne peux pas changer le monde, je veille à faire de ma maison un lieu chaleureux et protecteur… où tous les membres de la famille viennent se ressourcer même quand ils ont eux aussi fondé leur famille ».
» Quand je sors atelier d’ici je suis gonflée à bloc ! » » Mon mari me trouve très en forme et positive le soir quand il rentre » » Ces échanges m’ont permis de me sentir moins seule dans ma vie de mère » » Ca m’a permis de prendre du recul » » Ca m’a donné de bonnes idées », voilà quelques verbatims sortis tout droit des fiches bilan de nos ateliers d’échange « Etre mère parlons-en ».
Cela fait plus de dix ans maintenant que cette proposition a vu le jour à la demande de nos adhérentes qui souhaitaient échanger de façon structurée sur des thèmes liés à l’éducation. On pourrait presque parler d’une mini formation à la communication en 4 rencontres de 2.00 heures chacune autour d’une animatrice formée par MMMFrance et utilisant le film du même nom comme support de discussion.
D’autres ateliers sont venus compléter ce « parcours » initial, ce sont nos ateliers « thématiques » aux noms bien évocateurs tels que : Comment donner envie de lire à mes enfants, Comment se reposer quand on a un bébé, Comment confier son bébé d’un coeur léger,… mais le mode d’échanges reste le même : simple et très concret, pratico-pratique comme nous disons à MMMFrance. Mettons dix mamans ensemble, à distance de poussette de chez elles et le tour est joué, les pépites autre nom pour les bonnes astuces, vont nous enrichir, nous faire sourire, nous interroger… en tous cas nous faire passer un très bon moment !
Jocelyne Le Pivain
« Tous les sentiments sont légitimes, tous les comportements ne sont pas acceptables ». ( Haim Ginott )
« Comment lutter contre la violence? » se demande-t-on beaucoup dans les journaux en ce moment. Et si la lutte contre cette violence, qui gangrène nos sociétés, pouvait commencer très tôt, au sein même des familles? Si cette lutte commençait déjà dans les mots dits par les parents à leurs enfants? Une méthode existe qui propose des outils concrets pour favoriser la communication dans un climat apaisé entre les parents et leurs enfants.
Cette méthode est celle issue des travaux du psychologue Haim Ginott et a été ensuite élaborée par les Américaines Adèle Faber et Elaine Mazlish. Ces nouvelles habiletés à la communication que vous proposent ces deux auteurs sont basées sur l’écoute des sentiments des enfants dans une attitude bienveillante et respectueuse mais qui sache, cependant, poser des limites. Leurs ouvrages devenus des Best-sellers « Parents épanouis, enfants épanouis » et « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent » proposent de découvrir à travers des exemples concrets et des fiches récapitulatives comment restaurer l’harmonie dans la famille tout en optimisant la confiance et l’estime de soi des parents et des enfants.
Pour aller plus loin, il existe également des ateliers qui ont lieu dans toute la France qui permettent d’approfondir cette approche. Un atelier est composé de 7 sessions de deux heures chacune et permet d’aborder les points suivants:
1- Aider les enfants aux prises avec des sentiments pénibles
2- Susciter la coopération
3- Remplacer la punition
4- Encourager l’autonomie
5- Compliments et estime de soi
6-Aider les enfants à cesser de jouer un rôle
7- Un bilan est effectué
Chaque session est basée sur le même principe: tout d’abord, on commence par une phase de prise de conscience des mots et attitudes que les participants-parents ont au quotidien. Puis, par l’étude de petites bandes dessinées très ludiques, par la mise en place d’exercices pratiques, et surtout par l’échange entre les participants, le changement dans notre façon de communiquer avec nos chères têtes blondes se met en place.
Par exemple, au lieu de répondre à votre petit de deux ans qui hurle parce qu’il ne veut pas se lever « lève toi, on va être en retard! », il est recommandé, dans cette méthode, de, d’abord, accueillir son émotion « oui, je sais, tu as encore sommeil, tu as envie de rester au lit, ce serait super si on pouvait rester en pyjama toute la journée, mais maintenant il faut se lever » afin que l’enfant sente que ses parents comprennent son désarroi…Et bien souvent, après avoir entendu ces phrases… l’enfant se lève sans difficultés! De même, vous pouvez aussi venir lui proposer« tu préfères te lever maintenant et on lit une petite histoire ou bien tu te lèves dans 5 minutes et on partira ensuite rapidement? »
Ce ne sont pas des ateliers où l’on vous apprend à éduquer un enfant, mais bien des ateliers où l’on vous apprend à mieux communiquer avec lui.
Cette méthode existe depuis 40 ans et a aidé de nombreux parents à travers le monde. Pourquoi pas vous?
Cécile du blog la Turbulette
Passionnée d’éducation, j’ai eu la chance de découvrir la Discipline Positive au début de sa diffusion en France en rencontrant Béatrice Sabaté, psychologue clinicienne, qui rentrait de quinze ans aux Etats Unis où elle avait découvert et pratiqué cette approche, notamment au lycée français de New York. Elle avait à coeur de la partager.
D’emblée, j’ai été très touchée par beaucoup d’aspects qui avaient du sens pour moi:
4 de mes 6 enfants étaient grands, et même jeunes adultes mais en Discipline Positive, tout n’est pas joué à 3 ou 6 ans. C’est au contraire un chemin toujours possible, une relation toujours à construire et le temps est notre allié.
Autre aspect très important : en aidant à comprendre ce qui se cache derrière les comportements inappropriés, la Discipline Positive propose une approche qui n’est ni permissive ni punitive. Responsable rime avec capable (de trouver des solutions, de prendre sa part, de progresser..), et non pas avec coupable. Les erreurs sont vraiment vues comme des opportunités d’apprentissage.
Enfin, l’extraordinaire force de la pédagogie utilisée qui repose beaucoup sur l’expérience. On incorpore les concepts en les vivant, en nous mettant littéralement à la place des enfants, au travers d’activités très ludiques et très puissantes
Autant d’éléments qui ne pouvaient que me séduire. J’ai donc « plongé » dedans, et ai continué mon chemin avec un appétit croissant, pour devenir rapidement formatrice, puis formatrice de formatrices. Je suis également personne ressource auprès des enseignants.
QUEL BENEFICE POUR MA FAMILLE ?
C’est avant tout un changement de regard, un changement d’esprit. Beaucoup de parents témoignent des améliorations immédiates qu’ils ressentent dans le climat familial, avant même d’avoir vraiment mis en place les outils! la DP, selon les mots de Béatrice Sabaté, a la force d’un rêve: celui de ne plus avoir à choisir entre fermeté et bienveillance. En DP, tous les outils sont simultanément fermes ET bienveillants, et c’est en cela qu’ils sont encourageants. Encouragement, le mot clef de toute l’approche; encourager, c’est donner du souffle, permettre d’avancer. « L’encouragement est à l’enfant ce que l’eau est à la plante » dit R Dreikurs, Non pas au sens de paroles superficielles, mais au sens de ce qui construit en profondeur, donne de la confiance et de l’élan, et permet à l’enfant de grandir en responsabilité, en développant un référentiel interne, et non pas en restant dépendant du regard d’autrui. Une famille qui utilise la DP n’est pas une famille sans conflit. Mais c’est une famille connectée, dans laquelle chacun sait qu’il est respecté, qu’il peut trouver sa place, et que son rôle est essentiel. Une famille dans laquelle on cherche ensemble des solutions, on pratique la gratitude, on reconnait ses responsabilités, on sait trouver les moments pour parler en confiance, on a le courage joyeux d’être imparfait. Plusieurs parents nous ont dit « j’ai retrouvé le bonheur d’être parent ».
QUEL BENEFICE POUR LA SOCIETE ?
Quelques exemples parmi d’autres :
Il ne se passe pas un atelier sans qu’un participant me dise : « ce serait formidable pour mon entreprise ». J’ai d’ailleurs ainsi renoué avec mon activité de consultante en management, puisque je réalise des missions dans des entreprises très diverses (du grand luxe à l’insertion) en me fondant sur les principes adleriens qui fondent la DP.
A Versailles, deux formatrices agissent avec le Secours Catholique dans la formation des bénévoles engagés avec les familles.
Dans le récent document du Ministère de l’Education nationale sur la justice scolaire et pour la prévention de la violence, plus de 25 pages sont consacrées à la DP. Lors des événements récents, juste après le 11 janvier, le « et maintenant, on fait quoi? » a largement retourné la réflexion vers l’école. Pour Adler, la personne cherche en permanence à satisfaire deux besoins essentiels : le besoin d’appartenir, et le besoin de contribuer. Ce sont bien là deux des leviers cruciaux de l’intégration sociale. Les activités que nous menons dans les écoles agissent vraiment dans le sens de donner aux élèves un sentiment réel d’appartenance et d’importance : prendre pleinement leur place, agir de façon utile sur leur environnement, savoir qu’ils comptent, qu’ils sont capables, connaitre leurs émotions, s’entraîner à l’autorégulation, vivre le respect mutuel.
Dans le reportage/manifeste si poignant des familles d’enfants qui ont été victimes de harcèlement, tous les enfants concernés ont évoqué, en parlant de leurs bourreaux, des élèves « suiveurs », enclins à faire ce qui leur permettait d’être dans le clan des populaires…En Discipline Positive, on voit comment consolider chez les enfants leur référentiel interne. Ne plus agir pour plaire à l’autre (pas même la maîtresse ou le parent) mais parce que l’on a des repères solides. Dès les plus petites classes, on entraîne chez les enfants cette capacité d’autoévaluation qui les arme face au désir de plaire ou à l’influence nocive.
Et si l’on repense à la question du dîner d’Argenteuil de MMMFrance (« Dans la morosité ambiante comment préserver la famille ? »), n’est-ce pas une démarche pleine d’espérance que celle qui nous aide à vivre au meilleur de nous-même, à chercher ensemble des solutions, à rendre plus harmonieux le quotidien familial, à porter sur l’avenir un regard confiant, et aider les enfants à prendre conscience de toutes leurs capacités ?
Il y a pour moi, une merveilleuse continuité et cohérence entre mon engagement avec MMMFrance et ma vie de formateur DP : le regard confiant, capable de chercher des solutions, de construire sur les forces réelles et pas selon des schémas idéaux, l’importance centrale de la famille, la force de la rencontre…
Rozenn Le Roux-Mion
En tant que Conseillère conjugale et familiale, je suis habilitée à intervenir dans les établissements scolaires sur divers thèmes. L’un de ceux qui est de plus en plus demandé est sur le sujet de l’estime de soi . Il est frappant de constater, que devant l’exercice »dites-moi une qualité que vous avez », les réponses peuvent être »je n’en ai pas », »je les connais pas », mais aussi : »on me dit jamais rien de gentil, de positif …».
L’enfant se forge une perception de sa valeur dès les premières années de sa vie. Ce que ses parents, ses amis lui disent, les façons dont ils agissent avec lui, ont une influence directe sur sa perception de lui-même, sur son estime de soi. Pour l’adolescent, ce sont en plus son environnement, ses réalisations positives ou ses difficultés qui influencent l’image qu’il aura de lui-même, et qui nourrissent son estime, son sentiment d’avoir de la valeur ou non.
La vraie estime de soi est fondée sur l’opinion que nous avons de nous-même. La première étape, donc, est de se connaître et de s’apprécier tel que l’on est, avec ses qualités et ses faiblesses. Il est important que nos enfants s’acceptent, s’apprécient tels qu’ils sont…. Les parents sont en première ligne pour le leur permettre, en valorisant leurs enfants pour ce qu’il est, pas pour ce qu’il fait. Ce que peut faire un parent pour consolider la confiance en soi de son enfant, serait de lui montrer qu’il l’aime inconditionnellement, que ses bons ou ses mauvais résultats (notes scolaires, classements sportifs etc..) ne change rien à sa valeur profonde.
L’un des effets positifs d’une bonne confiance en soi est que le jeune devient plus solide, qu’il trouve en lui la force de résister à la pression des autres, du groupe d’amis… et qu’il réalise qu’il a en lui toutes les ressources pour construire sa vie…
Diane de la Morinière
« En famille et à l’école, comment éduquer avec fermeté et bienveillance » et « Comment accompagner nos ados, les encourager et les motiver avec fermeté et bienveillance » de Jane Nelsen, adaptation de Béatrice Sabaté, éditions du Toucan.
« Elever ses enfants sans élever la voix, guide pratique d’une éducation bienveillante » de Nathalie de Boisgrollier, éditions Albin Michel.
« Parents épanouis, enfants épanouis » et « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent » de Adèle Faber et Elaine Mazlish, éditions du phare.
« L’estime de soi » de Christophe André et François Lelord, ed. Odile Jacob.
« Oser » de Frédéric Fanget, ed. Odile Jacob. – « Avoir confiance en soi » de Sarah Famery, ed. Eyrolles.
www.auxeditionsduphare.com, www.disciplinepositive.fr, www.latelierdesparents.fr,www.ateliergordon.com
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