Quelle place et quel rôle pour les pères aujourd’hui ?

07.10.17

Coté Mères No 8 - Et le papa dans tout cela ?

Sommaire

Edito
Entretien avec M.C. psychiatre, psychothérapeute
Mercredi c’est papa
Quelques chiffres
vu et lu
ils nous ont dit…

Edito

Nous avons voulu dans ce numéro donner quelques éclairages sur le rôle et la place des pères aujourd’hui. Il apparait, de façon indéniable que leur investissement affectif auprès de leurs enfants se renforce.. Comme l’explique ci-après notre experte psychiatre, une des raisons tient à l’implication des pères dès la conception. Les naissances ne sont plus subies mais anticipées, prévues, et tout au long de la grossesse et des premières années de l’enfant les pères apparaissent nettement plus présents que ceux de la génération précédente. Mais se pose le problème de l’articulation du temps professionnel avec celui du temps privé qui pénalise les pères qui souhaiteraient être plus impliqués dans la sphère privée. Sur ce point il nous a paru intéressant d’interroger le fondateur de l’association « mercredi c’est papa » qui travaille à changer les stéréotypes du monde professionnel masculin à travers un réaménagement de l’organisation au travail.

Nous vous donnons également quelques éléments chiffrés, reflets de l’évolution de la place du père dans la famille. Vous trouverez enfin des témoignages de pères de générations différentes qui illustrent les tendances observées. Ils seront complétés par les échanges qui auront lieu lors du prochain dîner MMM France à Argenteuil en janvier sur la place et le rôle des pères (cliquez pour plus d’informations).

Entretien avec M.C. psychiatre, psychothérapeute (62ans et mère de 4 enfants)

Quel constat faites-vous sur l’évolution de la place et du rôle du père aujourd’hui ?

Le rôle et la fonction du père n’ont cessé d’évoluer parallèlement à l’évolution de la société. Les premières études psychologiques dans les années 50 (théories de l’attachement) se sont surtout intéressées à l’interaction mère-enfant, faisant totalement abstraction du père et de l’environnement de l’enfant et faisant intervenir le père beaucoup plus tard avec, essentiellement, un rôle d’autorité. La société a beaucoup évolué avec le partage de l’autorité parentale, l’entrée des femmes dans le monde du travail et la reconnaissance de l’homosexualité. Les pères sont de plus en plus présents et impliqués dans la vie de leurs enfants et cela, dès la conception. A mon cabinet, je constate que depuis une dizaine d’années un nombre croissant de pères accompagnent leur enfant en consultation alors qu’auparavant, je ne voyais que les mères.

Quel est l’impact de cette évolution sur les mères ?

Aujourd’hui les pères sont donc présents dès la conception : décider d’avoir un enfant est un projet commun qui est discuté et réfléchi. Le plus souvent, les pères sont très présents tout au long de la grossesse, viennent aux échographies, voire participent aux séances de préparation à l’accouchement. Ils assistent à l’accouchement, sont invités parfois à couper le cordon ombilical et apportent un soutien moral et physique aux mères lors de leur retour à la maison.

Le rôle du père est essentiel dans les premiers mois après l’accouchement pour « défusionner » la mère et son enfant. Son intervention permet à la mère de trouver sa juste place et par là même redonner de l’existence au couple.

Et quel impact sur l’enfant ?

Cette présence du père dès la conception et son implication tout au long des premières années (bain, jeu, câlins…) va lui permettre de se projeter plus facilement et de mieux asseoir son rôle auprès de l’enfant. Cette création d’un lien précoce et fort fait que les choses se passent mieux vers 2/3 trois ans puis à tous les stades ultérieurs du développement

Quels rôles pour les pères et les mères ?F. bébé embrassé par les 2 parents

Toutes les études montrent les approches complémentaires des pères et des mères, en particulier dans le nursing (soins donnés) et le jeu. Un père ne va pas changer son enfant comme une mère (celle-ci chantonnera plus volontiers que lui). De la même façon, lorsqu’il joue, un père ne laissera pas gagner son enfant alors que la mère le fera plus volontiers.

Cette complémentarité est importante pour la construction psychique de l’enfant qui a besoin de repères clairs. Au père est reconnu le rôle de sociabilisation. A lui d’autonomiser l’enfant, en particulier en jouant et en chahutant ; de le préparer à affronter le monde extérieur en introduisant les notions d’ordre et de loi. A la mère, une fonction essentiellement sécurisante auprès de son enfant ; elle lui parle, le câline, le console et crée un univers vocal d’où naitra la parole.

Mais pour que cette complémentarité existe, il est important de privilégier l’échange dans le couple afin de réajuster régulièrement l’attitude à avoir par rapport à l’enfant. Car le risque aujourd’hui est la confusion des deux rôles qui renvoie un message paradoxal à l’enfant. J’observe que certains pères n’assument pas leur rôle d’autorité et craignent la confrontation. Cela est particulièrement dommageable auprès des garçons qui ont besoin de s’identifier à leur père pour se construire. C’est la raison pour laquelle il est important que les mères qui élèvent leurs enfants seules aient une présence masculine à proposer, que ce soit dans la famille, la pratique d’un sport ou autre.

Pour conclure je dirai qu’on a besoin de ses deux parents pour grandir harmonieusement. .
Dans notre société du tout ou rien, on a eu tendance il y a un demi-siècle à
donner beaucoup de responsabilités à la mère, la rendant, par la même occasion, responsable de nombreux maux. J’ai l’impression qu’actuellement c’est l’inverse qui se produit et que l’on surcharge le père.

Certes les pères et mères sont en quête d’une autre identité que celle de leurs parents mais une juste place pour chacun doit être trouvée dans le couple et la famille. .
L’homme doit pouvoir assumer son rôle de père d’autant plus facilement que la mère lui laisse cette place et que la société l’y encourage.
Et comme le disait Tony Anatrella, psychanalyste, « la place du père est signifiée grâce à l’image positive que la mère a de l’homme et la valeur que la société accorde à la fonction paternelle ».

« Mercredi c’est papa » : une initiative originale pour faciliter une parentalité partagée

En créant en 2012 l’association « mercredi c’est papa », Antoine de Gabrielli (58 ans, 6 enfants) avait pour objectif d’impliquer les hommes dans la politique d’égalité homme /femme. Pour lui ce n’est pas aux femmes de s’adapter au monde du travail masculin mais bien aux hommes de mieux articuler leurs vies professionnelles et privées.

Auprès de tous ceux qui peuvent moduler leur temps de travail il prône d’en réformer l’organisation. Plusieurs propositions sont avancées telles que des réunions plus courtes (20mn et debout pour certaines), plus ponctuelles, moins tardives et moins nombreuses ; des temps sociaux non plus à partir de 19h mais hebdomadaires et à l’heure du déjeuner ; des formations fragmentées et non plus étalées sur une semaine ; des entretiens de retour de congé de paternité à l’instar de ce qui est fait pour les congés de maternité. L’idée à faire passer est que le temps professionnel n’est pas un temps lâche, extensible mais structuré et limité.L’intérêt de cette approche est multiple. Pour l’entreprise cela lui permet de profiter de tous les talents, toutes les compétences, qu’ils soient masculins ou féminins et d’enregistrer de meilleures performances grâce à un épanouissement de son personnel. Pour les individus concernés c’est la satisfaction d’être considérés comme des êtres à part entière et non pas uniquement comme des instruments économiques. Et pour les familles c’est une incitation à un meilleur partage des tâches éducatives et domestiques avec un impact positif sur l’équilibre du couple et des enfants.F. papa aide son fils

Mais la démarche n’est pas aisée car les stéréotypes sont bien ancrés chez les hommes qui souvent considèrent qu’ils ne peuvent réussir leur vie professionnelle sans sacrifier leur vie privée. L’élan, voire la pression vient des jeunes couples, constate A.de Gabrielli, qui sont particulièrement soucieux de l’articulation vie professionnelle/vie privée, que ce soit sous l’angle masculin ou féminin. D’ailleurs aujourd’hui 25% des hommes ont un salaire inférieur à celui des femmes (9% il y a 17 ans) et la plupart d’entre eux souhaitent davantage s’investir dans la sphère privée, et souvent y sont heureux malgré la pression extérieure parfois culpabilisante. Il faut aussi avoir en mémoire que 25% des pères divorcés ont la garde de leurs enfants (soit exclusive, soit alternée) ce qui nécessite une organisation équilibrée entre les mondes professionnel et privé.

Ainsi en appréhendant le rôle des pères par le biais de leur investissement professionnel, A. de Gabrielli propose une démarche novatrice et cohérente avec l’évolution constatée de la société.

Quelques chiffres

Investissement croissant des pères dans la responsabilité parentale

Depuis les années 70 les hommes consacrent deux fois et demi plus de temps aux soins quotidiens de leurs enfants, notamment aux plus petits et consacrent 35% plus de temps qu’avant

F. papa et bébé jouent

aux activités de jeu, d’apprentissage et de conversation (INSEE)

Mais le partage des tâches parentales reste inégalitaire

Les mères consacrent en moyenne 92 minutes par jour à leurs enfants, soit 33 minutes de plus que leur conjoint. (INSEE)

Un manque de temps invoqué par les pères

Lors d’une enquête menée par l’UNAF (Union nationale des Associations Familiales) en 2016 auprès de 11 000 pères il ressort que 47% d’entre eux ont le sentiment de ne pas disposer d’assez de temps auprès de leurs enfants, principalement en raison de leur travail.

Des pères dont l’âge moyen n’a jamais été aussi élevé

Les derniers chiffres de l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales) sur la famille montrent que l’âge moyen des mères et des pères à la naissance des enfants est respectivement 30,5 ans et environ 33,4 ans. L’âge moyen a a augmenté de quatre ans en quarante ans et est le plus élevé depuis plus d’un siècle.

Succès du congé paternité

En 2016, 70% des pères de famille salariés ont pris les 11 jours de congé paternité auxquels ils ont droit depuis la loi de 2002.(INSEE)

A télécharger, la pétition pour l’allongement du congés paternité : cliquer ICI

Mais un congé parental pris par le père, pas encore entré dans les mœurs

Seuls 5% des pères ont pris leur part du congé parental en 2015. Selon une étude de l’OCDE l’explication tient notamment à la peur des répercussions négatives sur la carrière et à l’écart de salaires hommes-femme qui justifie que ce soit la mère qui s’arrête de travailler.

Rappelons la teneur de la loi sur le congé parental de janvier 2015 :

• pour un premier enfant : la durée du congé parental est portée à un an avec 6 mois réservés à chacun des parents ;
• à compter du deuxième enfant : la durée de ce congé est maintenue à 3 ans, mais 24 mois sont à prendre par un parent et les 12 mois restants sont réservés au second parent.

A télécharger, Congés parental, constat et propositions de MMM France : cliquer ICI

A télécharger, La lettre ouverte à Agnès Buzyn sur le congès parental : cliquer ICI

Pères à l’écart à la suite des divorces

Sur les 200 000 enfants concernés chaque année par le divorce de leurs parents, 7% vivent uniquement chez le père et 17% en résidence alternée. (Ministère de la Justice)

Transmission du nom, la tradition se perpétue

83% des bébés nés en 2014 ont reçu le seul patronyme de leur père (89% en 2012). Rappelons que depuis la loi de 2005, les parents peuvent donner à leurs enfants le nom de leur père, celui de leur mère ou les eux noms accolés dans l’ordre de leur choix.(INSEE).

VU ET LU

Livres et extraits :livre le vrai role du pere

« Le vrai rôle du père » de Jean le Camus, pyschologue, spécialiste de la cause des pères.

Extrait : « Le père tient un rôle essentiel auprès de l’enfant…» L’influence du père est bien plus large que le simple registre de la loi et de l’identité sexuée. Il est une rampe de lancement vers les autres. Des expériences ont montré qu’une majorité de garçons de 18-20 mois se montraient plus sociables vis-à-vis d’un étranger en présence de leur père, qu’en présence de leur mère. Le père joue également un rôle dans la construction du langage. Lorsque l’enfant apprend à parler, les pères utilisent un vocabulaire plus sophistiqué et formulent plus de demandes de clarification : « Que dis-tu ? Je n’ai pas compris. » Le père est un partenaire plus difficile, obligeant l’enfant à se faire comprendre par d’autres interlocuteurs que la mère.

Dans la construction de l’intelligence, c’est un peu la même chose : les pères encouragent plus les enfants que les mères, les gratifient moins, posent davantage de défis. Ils incitent l’enfant à résoudre lui-même un problème. Les bénéfices d’une telle relation sont grands pour l’enfant, mais aussi pour le père. Leur participation au développement augmente l’estime de soi. Elle induit en eux un sentiment de générativité. Leur maturité s’accomplit lorsqu’ils donnent la vie et font grandir un autre. »

A lire également :

« Le père et l’enfant à l’épreuve de la séparation » de Jean Le Camus et Michèle Laborde
« Père manquant, fils manqué » de Guy Corneau, psychanalyste québécois
« Le grand livre des nouveaux papas » d’Eric Saban , pédiatre
« Lettre aux couples d’aujourd’hui » de Philippe Jeammet, pédopsychiatre
« Parents, osez vous faire obéir » de Stéphane Clerget, pédopsychiatre
« Cent réponses aux questions du jeune papa » Stéphane Clerget
« Séparons-nous mais protégeons nos enfants » de Stéphane Clerget.

livre Même les politiques ont un pèreEt partant des témoignages de nos hommes politiques

« Même les politiques ont un père » de Emilie Lanez, Journaliste au Point – Stock

Extrait : « Etre le fils –ou la fille- d’un père distant, faible, violent, alcoolique ou mort favoriserait-il l’ascension politique ? La règle n’est pas intangible, les contre-exemples témoignent du contraire. Toutefois, il est intrigant d’observer qu’ils sont exceptionnellement nombreux dans la carrière, ces hommes et ces femmes ayant souffert d’une carence affective. Quel serait le lien entre ce défaut parental, plus ou moins marqué, et le choix de consacrer sa vie à gouverner celle des autres ? Quatre explications à cette singulière disposition. Ces enfants de pères défaillants sont contraints, à l’âge où leurs camarades lancent encore des fléchettes sur les troncs d’arbre, à jouer les chefs de famille de substitution. Ils apprennent à diriger…. »

Père manquant ou père trop présent, défié, chéri ou renié : de quel père Manuel Valls, François Hollande, Marine Le Pen, Jean-François Copé, François Bayrou, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, Najat Vallaud-Belkacem, Nicolas Sarkozy, Pierre Moscovici, François Baroin ou Marisol Touraine sont-ils les enfants ? Et ces pères auprès desquels ils ont fourbi leur exceptionnelle ambition, qu’ont-ils transmis pour que leur progéniture fasse montre d’une telle voracité ?

Sites à découvrir :

  • papallaitantswordpress.com: association de pères qui soutiennent l’allaitement maternel.
  • je-suis-papa.com ; ce blog raconte les tribulations de jeune père en apprentissage

Ils nous ont dit …

Quelques verbatims des pères que nous avons rencontrés.

Génération des 20 ans :

Raphael, 28 ans, un fils de 9 mois.

1 – le Rôle de Père ?
Etre présent ; être chef de famille ; assurer l’autorité ; soutenir la mère dans l’éducation.

2- Qu’est-ce qui vous plait dans ce rôle ?
Passer du temps avec l’enfant ; jouer. Le moment préféré : le bain, car on a le temps, on est posé on peut jouer et je pose des limites.
J’aime bien communiquer avec lui, lui expliquer quand il découvre des objets.

3- Ce qui est le plus difficile ?
Concilier la vie de famille avec le travail et la vie amicale.
Quand on est jeune parent c’est difficile car il faut être prêt à sacrifier des choses comme voir ses amis. La 1ere année on est décalé par rapport à ses amis.

4- Par rapport à mon propre père ?
Je me suis beaucoup inspiré de lui en voyant les vidéos qd j’étais petit.
Je joue beaucoup comme lui le fait avec ses petits-enfants.
Les différences : aujourd’hui on se prend beaucoup la tête avec la santé ; on verrouille tout

5- Ce dont je suis particulièrement fier en tant que père ?
Etre parti tout un we avec des potes en emmenant mon fils de 5mois mais sans ma femme. J’ai réussi à pas trop mal gérer.
Faire en sorte, avec ma femme, qu’il fasse ses nuits dès l’âge de 2mois en lui donnant un cadre et en lui expliquant tout. Finalement c’est grâce à la communication que ça marche et aussi le fait qu’on se complète bien avec ma femme.

Génération des 30/40 ans

Cedric (beau-père de 2 filles de 13 et 17ans et futur papa), Léo (2 filles de 8 et 5ans), Xavier (1garçon de 4ans)

1- Le rôle des pères
C : Je me considère comme le père des filles de ma femme et pour mon fils qui va naître je considère que mon rôle sera de lui servir de modèle.F. papa apprend à faire du vélo à son fils
L : Partager l’éducation avec la mère
X : Encourager à découvrir et à oser de nouvelles activités, comme apprendre à faire du vélo sans petites roues ; parfois aussi poser des limites ; rôle plus autoritaire que celui de la mère.

2- Ce qui me plaît dans ce rôle de père
C : La relation d’amour ; le plaisir d’être avec des personnes que j’aime.
L : Me retrouver comme un enfant en jouant avec mes filles
X : Faire des choses ensemble avec mon fils ; grand plaisir de partager des activités avec lui.

3- Ce qui est le plus difficile
C : La confrontation avec ce qui vient de l’extérieur et qui pollue les messages et les valeurs que j’essaie de transmettre ; constater que ce que je transmets est une goutte d’eau par rapport à influence de l’extérieur
L : Le regard de la société qui dicte le rôle des pères, ce qu’ils doivent être et faire
X : Trouver du temps pour être ensemble

4- Mon rôle par rapport à celui de mon père ?
C : Je me suis construit par opposition à mon propre père : en osant affirmer mes positions, en prenant le parti de transmettre mes valeurs, ma vision de la vie, mes goûts.
L : Mon père est mort quand j’avais 5ans donc je n’ai pas de modèle ; j’invente mon propre rôle
X : Par rapport à mon propre père je mets la main à la pâte comme tout le monde et je m’implique dans tout.
5- Ce dont je suis particulièrement fier ou heureux
C : Le temps que j’accorde à mes filles (devoirs, gâteaux d’annif, sorties…), la confiance qu’elles me font en me confiant des choses
L : D’avoir organisé ma vie en vue de dégager du temps pour m’occuper de mes filles

Génération des 60ans :

Hervé , Nicolas, Daniel, Louis, Dimitri, Patrick, pères de deux à quatre grands enfants

1. Ce qui me plaît dans mon rôle de père :
– H : J’aimais les bébés, la tendresse et la vulnérabilité de cet âge. Je donnais le biberon tous les matins et je les changeais. J’ai aimé les aider à être heureux, les aider à rigoler, jouer. Aujourd’hui, j’aime être confronté à des adultes qui prennent leur envol
F. mimétisme père fils– N : Ce qui m’a plu c’était d’avoir de l’influence, de leur apprendre des choses, de les guider. J’aime me retrouver dans certains traits de caractères
– D : J’aime reconnaître en eux certaines de mes réactions
– L : J’aimais bien les suivre dans leurs études scientifiques
– D : Participer à leur éducation, heureux d’être avec des enfants que j’aime Particulièrement : bain et biberon car ce sont des moments intimes où on est juste que nous.
– P : J’apprécie plus ma vie de père aujourd’hui car j’ai le sentiment de mieux la maîtriser plutôt que la subir. Mes enfants étant partis j’ai plus de recul

2. Ce qui était plus difficile :
– H et L : Quand ils sont très jeunes, c’est plus difficile de savoir ce qu’ils veulent « Plus c’est petit plus c’est difficile «
– D : Le plus difficile c’est d’avoir ce côté trop raisonnable, un peu embêtant de toujours les ramener dans les rails.
– Di : L’éducation est source de conflit avec mon épouse
– P : Le fait qu’avant mes enfants vérifiaient sur Google l’exactitude de mes propos. Cela m’énervait. Aujourd’hui, je donne mon avis : ils le suivent c’est bien, ils ne le suivent pas, ils assument. Ils sont tous majeurs depuis longtemps.

3. Votre réussite de père
– H : On est fusionnels. Je suis heureux d’avoir de la complicité avec chacun d’eux sur un registre différent et qui me rejoint.
– N : je suis heureux d’avoir réussi à faire quelques voyages avec eux, d’avoir bâti des souvenirs communs. Ce n’est pas automatique
– L : je suis heureux d’avoir partagé des sorties en voile, la découverte, l’aventure, partagé une passion. Mon fils aîné m’a emmené au Mt Blanc 10 ans après que je l’ai moi-même emmené au Chimborazo en Equateur.
– Di : Voyager avec les enfants et partager des découvertes.

4. Comment voyez-vous votre rôle par rapport à celui de votre père : ce qu’il faisait et que vous ne faites pas et inversement
– N : mon propre père s’occupait moins que moi des enfants et je le fais moins que mes fils. Le fait que le père s’en occupe n’empêche pas que les enfants soient malgré tout livrés à eux-mêmes.
– D : parfois je me dis : je n’aurais jamais fait ça ou dit ça à mon père. J’étais très proche de mon père et je pense que je le suis de mes fils. Globalement j’ai transmis ce que j’ai reçu.
– L : ayant perdu mon père à 8 ans, je n’ai pas de souvenir de l’exemple paternel et ça m’a manqué dans ma relation père/fils. Plus ils grandissent plus c’est facile.
– P : Mon père était plutôt inexistant. Il avait le rôle des pères de l’époque : dire non et donner la fessée.
– Di : J’ai une proximité plus grande avec mes enfants, sinon pour le reste je reproduis beaucoup. Je parle peu, comme lui, vu que je n’en ai pas souffert.

5. Que pensez-vous des jeunes pères
Les jeunes pères sont hyper tendres, hyper présents. Souvent l’autorité c’est la mère. Ils s’organisent. Ils sont plus impliqués que nous. Parallèlement beaucoup de femmes travaillent. Les différenciations des rôles père et mère se font moins. On verra ce que ça donnera.

 

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